Il est mieux de faire la pleine expérience du ressenti des séances de digipuncture et toucher relationnel de Lumière & Soins plutôt que de vouloir la décrire avec des mots. Pourtant dans cet article (1) de l'INREES à propos du livre d'Anne Dufourmantelle (2), Réjane Ereau réussit si bien à nommer ce qui nous parle au cœur que nous vous en partageons quelques extraits avec un grand régal !
La caresse d’un soleil matinal. Une noisette de beurre, fondant sur une tartine. L’herbe sous les pieds, l’eau sur le visage. Le chant d’un oiseau, le rire d’un enfant, sa peau contre la nôtre. Le plaid dans lequel on se love. La danse d’une flamme, la démarche d’un chat, la courbe d’une sculpture, deux regards qui se croisent. Voyez comment, à bien y regarder, la douceur est partout, perceptible dans la relation sensible à toute chose. Sa puissance ne se joue pas dans les grandes résolutions, mais dans la manière dont nous regardons notre environnement, prenons un objet, abordons un étranger et décidons de prendre soin de nous.
Et si la douceur était bien plus puissante qu'il n'y paraît ?
La douceur est-elle ce climat rose bonbon, où tout baigne dans le miel et la lumière ? Non, la douceur est subtilité, finesse, élégance. Elle n’est pas la gentillesse, car elle n’est pas morale. Elle n’est pas la docilité : doux ne veut pas dire obéissant, ni mou. Elle n’est pas une idée, ni même une émotion, mais une expérience charnelle, immanente : on sait instinctivement que c’est doux. Alors pourquoi la considérer comme une faiblesse ? Réfléchissez : la dureté semble donner une stature, mais est-ce vraiment le cas ? Prenez Gandhi, Mandela, Luther King : leur positionnement prouve que la douceur peut être une puissance, une éthique.
Visualiser, ressentir
Yeux clos, confortablement installés, méditons quelques minutes, matin et soir, sur les moments de délicatesse et de bienveillance qui nous ont nourris. Que nous ont-ils apporté, que nous ont-ils appris ? De quoi rayonnent-ils encore ? A l’inverse, quand avons-nous eu l’impression d’en manquer ? Avec quelles conséquences ? Puis disons-nous que nous allons nous ouvrir à la douceur. La percevoir, l’accueillir, la dispenser. Faire le choix de l’attention, de l’écoute, de la relation. Quitte à nous laisser toucher, dans une interdépendance bien comprise, nous avons tous à y gagner. « Un choix urgent, car la plupart des traumas trouvent leur origine dans un déficit de douceur », rappelle la psychanalyste, Anne Dufourmantelle.
Vous êtes en train de lire un livre ? Ressentez la douceur du papier, le murmure des pages qui se tournent, la poésie d’une photo, l’écho inspirant de certains mots. Instantanément, la douceur provoque en nous un apaisement. Elle nous rassure, nous enveloppe. Mais ce n’est pas tout : observez comment, dans cet état d’attention, le temps s’étire, le présent prend une épaisseur feutrée, l’esprit se fond dans les sens, les sens ouvrent les portes de l’esprit.
La douceur crée la connexion
Elle nous connecte à l’instant, au monde, aux autres, « ainsi qu’au principe même de vie, note Anne Dufourmantelle. Un organisme ne peut advenir dans son être sans un minimum de douceur. Un œuf doit être couvé, un nouveau-né protégé.» Douceur de la soie. Par ricochet, douceur de la peau qui la frôle, de l’œil qui les contemple, du sentiment d’harmonie qui en jaillit : la douceur rayonne, elle est un point de rencontre. Entre le charnel et le spirituel « douceur d’une matière, douceur d’une attitude : le mot est le même, on ne peut les dissocier », souligne la philosophe. Entre l’accueil et le don. Entre la contemplation et l’action. Dans cette justesse d’être, tout converge, s’aligne et prend sa cohérence.
En faire l’expérience sensible
Pensez-y : que signifie « prendre soin » ? Faites l’essai : pendant une journée, mettez de la rondeur dans votre rapport au monde. Que ressentez-vous ? Que recevez-vous en retour ? N’avez-vous pas l’impression d’être plus vivant, plus fort, plus conscient ? En donnant de la substance à vos échanges, en incarnant la volonté de vous soucier de l’autre, tel qu’il est, en vous ouvrant ainsi à l’acte de compassion, vous atteignez « la quintessence du lien ».
Ancrée dans le quotidien, la douceur a le pouvoir d’en transcender le vécu ordinaire. En faire l’expérience, n’est-ce pas parfois avoir l’impression de faire corps, d’esprit à esprit, d’énergie à énergie, avec un être, une situation, une atmosphère ? N’est-ce pas se sentir soudain habité d’une assurance sereine, d’une complétude, d’une vérité ?
Alors en avant : en élargissant nos consciences, parfois en les bouleversant, pour faire de la place à la douceur, nous traçons le chemin vers un « rendez-vous avec soi, c’est-à-dire avec ce qui traverse et fonde une vie, une idée de justice, une manière d’aimer, de donner », de capter l’essence du monde.
(1) http://www.inrees.com/articles/La-puissance-de-la-douceur/
(2) "Puissance de la douceur", un livre d'Anne Dufourmantelle aux Editions Payot (Août 2013 ; 143 pages)